Pourquoi je ne supporte pas la hargne anti-chrétienne : in mémoriam, abbé Léopold Rousseau et le village de Campagnac

http://www.ladepeche.fr/article/1999/03/11/273373-le-combat-de-la-memoire.html

Le combat de la mémoire



Tarn - Gaillac : Résistance

Les anciens résistants du groupe Vendôme ont tenu leur assemblée générale salle TounyLéris. Robert Mège, président de l'amicale, poursuit un autre combat, celui de la mémoire.
Robert Mège met l'accent sur le mot «amicale» : les anciens du groupe Vendôme ne sont pas une association, ce qui permet de conserver les petites ressources de la cotisation, au lieu de reverser une quote-part au siège parisien. Mais amicale est plus qu'un mot-statut, c'est une réalité vécue toute l'année : Robert Mège prend à coeur de rendre visite à tous ceux — malades, isolés — qui ne peuvent participer à l'assemblée générale ou aux rencontres lors des commémorations du 8-Mai, du 17-août (libération de Gaillac) et du 11-Novembre. L'amicale s'est créée en 1946, au retour d'Allemagne, quand les résistants du groupe Vendôme ont achevé leur mission dans la première armée de Lattre. Le premier président en fut Charley Canus, puis Gilbert Boulouis.
Robert Mège la préside depuis quinze ans, depuis son retour à Gaillac, pour sa retraite : il y emploie son temps, son énergie.
«En 1946, j'étais retourné à Reims pour exercer mon métier de comptable puis de commerçant. A mon retour à Gaillac, on m'a demandé de m'occuper de l'amicale.» Ses compétences comptables lui valent aussi d'être vérificateurs des comptes des anciens combattants de Tarn.
Vers les-jeunes
Il répond à l'invitation des écoles, pour parler de «la Résistance, pas de ma résistance.
Nous n'inculquons jamais la haine qui engendre les guerres.» Souvent, Robert Mège est accompagné d'un représentant des déportés. Tous les ans, il participe au voyage des lauréats du concours de la Résistance : des lycéens, des collégiens qu'il veut intéresser mais aussi ménager. «La première fois, nous avons visité Buchenwald, Dora, les commandos : huit jours dans la mort, c'était trop. J'ai indiqué qu'il fallait — à côté de ces visites — assortir le voyage de découvertes plus touristiques, pour que les enfants ne soient pas stressés.» Aujourd'hui, le voyage aux Glères comprend aussi des escapades à Annecy, Chamonix et la Mer de glace.
Robert Mège évoque l'amicale comme une famille. Il parle avec affection d'une «vieille tige», un ancien de l'aviation de 50-ans, qui a connu Mermoz et vit sa retraite à Lisle- surTarn, «la mémoire intacte».
Mais sur la centaine d'adhérents, répartis sur toute la France, les rangs s'éclaircissent.
Peut-être faudra-t-il augmenter la cotisation, fixée à 50-F. Ce problème préoccupe Robert Mège. «Chaque année, nous avons 2.500-F de dépenses de gerbes. C'est beaucoup».
Les réponses de-l'Histoire
La mémoire de Pierre Vendeven et de ses camarades est honorée à Gaillac : une rue Vendôme, près du marché couvert, rappelle leur combat.
Pourtant, le calendrier des Postes — et quelques autres plans — en sont encore à la rue de l'ancienne mairie. «Il faudrait mettre les pendules à l'heure».
Dans son bureau, à l'étage, Robert Mège garde les souvenirs du combat : le brassard FFI, le revolver — démilitarisé — un couteau de poing. Et beaucoup de photos, soigneusement classées, à l'usage de ses petitsenfants, des élèves et de tous ceux qui voudraient s'y intéresser. Les baraquements en planches du maquis de Grésigne, le portrait de Karl, chef — allemand — d'un groupe de partisans tarnais, les peintures de Maurel sur le parachutage de Parisot, la photo de Léopold Rousseau, le curé belge et résistant, de Campagnac, de mai 1940 à 1944, qui a reçu la Croix de guerre dans la cour des Invalides. Et les morts du combat du 17-août, à Rivières, enterrés à Marssac dans les caveaux que les familles du village avaient bien voulu prêter pour accueillir ces martyrs. Robert Mège est content que les historiens aient rendu justice à leurs choix.
Avec ses camarades et jusqu'au bout, Robert Mège cultivera la mémoire de Vendôme et fera tout pour la transmettre.
«Il était notre Dieu.»

http://www.ladepeche.fr/article/2012/12/06/1507024-campagnac-l-abbe-rousseau-juste-parmi-les-nations.html


Campagnac. L'abbé Rousseau : «Juste parmi les nations»




Tarn - campagnac

Dimanche 16 décembre 2012, le consul d'Israël à Marseille remettra à la communauté de Campagnac, représentée par son maire Guy Pons et son conseil municipal, la médaille des Justes décernée à l'abbé Léopold Rousseaux pour avoir aidé, à ses risques et périls, des juifs pourchassés pendant la Shoah.
Avec Roger Navarrot, Lucien Flour, Pierre Vandeven et Stanislas Camus, l'abbé Rousseaux fut une figure marquante de la résistance gaillacoise.
De nationalité belge, professeur de français et aumônier de jeunesse ouvrière, il dut quitter p son pays, fiché aux renseignements allemands pour ses idées progressistes. Accompagné de sa mère, l'exode le porta à Campagnac où il se mit à la disposition du diocèse d'Albi. Il fut d'abord envoyé à Tonnac puis nommé curé de Campagnac en 1941. Il avait alors 44 ans.
Chaleureux et généreux, il exerça son ministère sacerdotal au service de tous, animant chorale, fêtes et veillées dans le respect des idées d'autrui et toujours proche des affligés. Admiré et aimé, il lui fut beaucoup rendu lorsqu'il s'engagea dans l'action résistante.
Responsable départemental de Jeunesse d'Action Catholique, son champ d'action s'étendit. Il noua de nouvelles relations et entra en contact avec Lucien Flour pour se lier à la Résistance locale dès fin 1942.
En décembre 1943, il donna son adhésion au maquis d'Ornano créé en août sur Penne, fournissant renseignements, vivres et recrues. Le maquis décimé par une attaque allemande en mars 1944, il se consacra entièrement à la résistance gaillacoise. Vendôme le nomma aumônier du groupe, chargé des renseignements.
Mais ses actes de résistance civile prédominaient. Campagnac devint relais-filière de l'Intelligence Service, homologué par Londres, direction l'Espagne (archives militaires de Grande-Bretagne).

Il cacha de nombreux Juifs

Ainsi, au fil des mois de 1943-1944, «sa maison servit de refuge à des centaines de Belges et Français évadés, résistants recherchés et juifs en grand danger. Il établit lui-même 120 fausses cartes d'identité, cacha de nombreux Israélites dans des fermes amies, faisant passer en Espagne ceux qui le lui demandaient. Fin 1943, 22 étaient sous sa protection» (archives militaires de France). Comme beaucoup, il garda secrètes ses activités résistantes, considérant qu'il n'avait fait que son devoir. La chance permit de retrouver soixante ans après quelques survivants et descendants qui, par leurs témoignages écrits, justifièrent le titre de Juste.
Après la Libération, l'abbéreprit un poste d'enseignant à l'Athénée Royal de Tournai, retrouvant annuellement le Gaillacois pour commémorer la Libération. Mais sans la complicité tacite de la population de Campagnac, jamais l'abbé n'aurait pu mener ses actions de résistance. Décédé en 1966, peu après ses amis Navarrot, Flour et Vandeven, l'abbé, n'ayant pas de parenté, fut inhumé dans le caveau familial où son nom n'a pu être gravé. Ses héritiers et ayants droit sont désormais toute la communauté de Campagnac où vivent encore quelques anciens qui l'aidèrent.Il leur lègue un lieu de mémoire qui s'inscrit en majuscules dans le patrimoine communal et l'honore. Un lieu chargé d'histoire, porteur d'humanité et de sens. Un lieu qui crée un lien entre le passé et le présent, celui de la solidarité. Un lieu où il demeura et où il faudra transmettre l'héritage d'un «Juste parmi les Nations».

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